Publié le 09 décembre 2024

Pourquoi ma prothèse de hanche me fait mal ?

Après implantation d’une prothèse totale de hanche (PTH), les douleurs liées à la hanche qui ont conduit à cette décision disparaissent très rapidement. Découvrez quelles peuvent être les raisons de ces douleurs et comment réagir.

L’équipe chirurgicale de Inside the Hip à Paris fait le point sur les douleurs causées par une prothèse de hanche

Pourquoi une prothèse de hanche peut-être douloureuse ?

Il faut distinguer les douleurs persistantes depuis l’intervention des douleurs qui surviendraient après plusieurs années de bon fonctionnement articulaire.
Lorsque les douleurs surviennent immédiatement après l’intervention et ne disparaissent pas, on peut évoquer diverses causes.

Problème infectieux

La probabilité d’infection (bactérie développée au contact de la prothèse) au décours de l’implantation d’une prothèse est faible (0,5 à 1% des procédures), mais il s’agit d’une complication grave.

Certaines infections sont évidentes (fièvre, écoulement au niveau de la cicatrice, inflammation), mais certaines bactéries peuvent se développer lentement et ne se manifester que par des douleurs ou un inconfort articulaire. La persistance de douleurs après implantation prothétique doit toujours faire suspecter ce diagnostic et certains examens (prise de sang, radiographies, ponction du liquide articulaire) permettent de la rechercher. Il peut parfois s’agir d’un diagnostic difficile à poser.

Problème d’intégration osseuse

La stabilité des implants dans l’os est impérative pour obtenir un bon résultat. Une prothèse qui ne se serait pas fixée de manière ferme dans l’os va présenter une mobilité anormale, responsable de douleurs à l’activité et à la marche. Un retard d’intégration osseuse est possible et peut se résoudre spontanément, après 6 à 12 mois de surveillance, il faut suspecter une non intégration de la prothèse. Les examens appropriés sont les radiographies, le scanner, voire la scintigraphie osseuse pour analyser l’intégration des implants.

Problème mécanique

Un défaut de dimensionnement ou de positionnement des implants (longueur de l’articulation, orientation des pièces, réglage de la tension musculaire…) peut conduire à des anomalies de cinétique de l’articulation. Dans ce cas, des conflits entre les pièces métalliques, des instabilités, des excès ou des défauts de tension tendineuses/musculaires pourront être responsables de douleurs et de sensations mécaniques anormales.

Le scanner 3D permettra d’effectuer des mesures précises de l’articulation, et nous recommandons particulièrement dans notre équipe la réalisation d’une imagerie préopératoire scanner 3D afin de vérifier la bonne reconstruction géométrique de l’articulation.

Douleurs tendineuses

Des tendinites autour de la hanche (fessiers, psoas notamment) peuvent survenir indépendamment de la pose d’une prothèse, mais sont parfois provoquées par un défaut lors de l’implantation de la prothèse. Une cupule débordant du cadre osseux du bassin pourra provoquer une tendinite du psoas, un excès d’allongement de l’articulation retentit sur le muscle moyen fessier par exemple. L’analyse rigoureuse de la géométrie articulaire en 3D permettra de vérifier la qualité de la reconstruction, et des examens comme une échographie peuvent mettre en évidence une tendinopathie.

Douleurs projetées

La hanche est une articulation profonde, au carrefour de nombreuses structures anatomiques (nerfs, tendons, vaisseaux…). Parfois des douleurs projetées, prenant leur origine au niveau de la colonne vertébrale (sciatiques, cruralgies…), au niveau de l’abdomen (hernies, problèmes digestifs) peuvent mimer une douleur de hanche, mais sans lien avec l’articulation et la prothèse. Un examen physique rigoureux, complété au besoin par des examens complémentaires peut permettre de confirmer ces diagnostics.

Erreur d’indication

Lorsque l’intervention de prothèse ne modifie pas les douleurs présentes avant l’intervention, il faut alors évoquer l’absence de lien entre ces douleurs et la pathologie articulaire qui a motivé le choix de cette intervention. Cette possibilité doit être particulièrement évoquée chez les sujets jeunes et/ou présentant une usure articulaire légère ou modérée. Chez ces patients, il faut être particulièrement prudent et rigoureux dans la démarche diagnostique avant de prendre la décision opératoire, et ne pas hésiter à s’aider d’examens complémentaires (scanner, IRM) ou de tests thérapeutiques (infiltrations).

Enfin, quand les douleurs surviennent années après l’implantation de prothèse, alors que le résultat était bon jusque la, on pourra suspecter une usure de la prothèse (notamment pour les prothèses comprenant du polyéthylène), un début de descellement (perte des ancrages osseux) ou encore une infection. Un examen et des radiographies simples permettent généralement d’en faire le diagnostic.

Quand consulter pour une prothèse de hanche douloureuse ?

Dans les premières semaines ou premiers mois après la pose de la prothèse, la présence de douleurs n’est pas forcément signe de complication, mais une surveillance régulière par le chirurgien est logique, jusqu’à ce que les douleurs disparaissent. Une amélioration progressive est un élément rassurant. A contrario, la stagnation ou l’aggravation des douleurs doit pousser le patient à revoir plus précocément son chirurgien.

En cas d’apparition tardive de douleurs qui ne céderaient pas après quelques semaines, il est conseillé de revoir le chirurgien ayant implanté la prothèse. Dans tous les cas, une surveillance espacée mais régulière de toute prothèse de hanche est recommandée.

Quel traitement pour une prothèse de hanche qui fait mal ?

La diversité des causes pouvant expliquer des douleurs autour d’une prothèse de hanche fait qu’il existe différents traitements.

Certaines douleurs peuvent être guéries par des traitements simples (rééducation, médecine manuelle), notamment lorsqu’il s’agit de problèmes qui n’ont pas de lien avec un défaut de pose de la prothèse.

Parfois des infiltrations peuvent être indiquées en cas de souffrance tendineuse ou d’inflammation.

La chirurgie de révision prothétique est proposée en cas de défaut mécanique important, d’infection prouvée ou d’absence d’intégration osseuse de la prothèse. Une usure importante de la prothèse ou des lésions osseuses en lien avec l’usure peuvent aussi pousser à une reprise chirurgicale. La chirurgie peut consister en un changement total ou partiel de la prothèse, et parfois à des procédures plus complexes (greffes osseuses, gestes sur les tendons, implantations de prothèses sur mesure ou reconstruction).

Dans tous les cas, les décisions prises pour intervenir sur une prothèse déjà en place nécessitent une expertise importante dans ce domaine, une démarche rigoureuse, s’aidant d’outils diagnostiques modernes (scanner 3D notamment).
Quels outils permettent de limiter le risque de complication?

Tout d’abord, l’expérience du chirurgien dans le domaine de la prothèse de hanche est importante pour obtenir des résultats fiables et reproductibles. Une démarche diagnostique bien menée, la qualité des explications préopératoires, ainsi que l’utilisation d’outils de planification de l’intervention en 3D (scanner) sont des gages d’obtention d’un bon résultat.

Enfin, dans notre expérience, l’utilisation de prothèses de hanches personnalisées, conçues et réalisées sur mesure selon la morphologie de chaque patient, optimise la qualité du résultat. La voie antérieure de hanche, respectant la musculature, sans section tendineuse ou musculaire est elle aussi un avantage permettant une récupération anatomique optimisée.

Dr Cyril Courtin

Publié le 09 décembre 2024