Publié le 18 novembre 2025

Reprendre la danse de ballet au niveau professionnel avec une prothèse de hanche avant l’âge de 40 ans

Les danseurs et les danseuses de ballet savent que la hanche est une articulation particulièrement vulnérable et qu’il est fréquent de recourir à l’implantation d’une prothèse totale de hanche après la carrière professionnelle. De façon moins fréquente, il peut se produire une dégradation articulaire de la hanche avant l’âge de 40 ans, parfois très jeune, alors que la carrière professionnelle est en cours.

Danseuse

La pratique intensive du ballet et ses conséquences sur la hanche

La danse de ballet est souvent commencée très tôt dans la vie, parfois à l’âge de 6 ans. Les danseurs de ballet s’entraînent de façon intensive, répétée et prolongée pendant toute leur vie. Les hanches sont soumises à des amplitudes articulaires très importantes, des charges élevées et répétitives. Des douleurs et des blessures sont fréquentes durant la carrière professionnelle.

Que faire si je suis une danseuse professionnelle âgée de moins de 40 ans et que j’ai une coxarthrose ? Puis-je reprendre la danse de ballet au niveau professionnel si j’ai une prothèse totale de hanche avant l’âge de 40 ans ? Nous entendons régulièrement ces questions posées par des danseurs lors de nos consultations.

Les signes et le diagnostic de la coxarthrose chez les danseurs

L’installation d’une coxarthrose (arthrose de la hanche) chez une danseuse de ballet professionnelle, se manifeste par l’apparition de douleurs mécaniques articulaires au niveau inguinal puis tout autour de la hanche et vers la cuisse. Une diminution des amplitudes articulaires s’installe progressivement, associée à des difficultés à réaliser les mouvements de la danse.

Un bilan d’imagerie standard montre un pincement de l’interligne articulaire, des géodes sous-chondrales et des ostéophytes. Parfois, avant l’apparition d’une arthrose radiologique, des lésions du cartilage et du labrum acétabulaire apparaissent.
On note également parfois la présence d’une dysplasie ou d’un conflit fémoro-acétabulaire.

En cas de lésion cartilagineuse sévère, avec ou sans dysplasie, avec ou sans coxarthrose, il n’y a plus de place pour la chirurgie arthroscopique ou conservatrice. La question de l’implantation d’une prothèse est donc posée.

L’évaluation préopératoire : une étape clé

Dans le cas d’une danseuse de ballet professionnelle, il est extrêmement important de réaliser un examen physique complet comprenant la longueur des membres inférieurs, les amplitudes articulaires et en particulier la rotation externe, l’ouverture, la flexion et l’extension.

Des radiographies permettent de confirmer le diagnostic, mais il est impératif de compléter par une planification scanner en 3D, qui permet d’analyser parfaitement l’anatomie et la géométrie de la hanche.

La planification 3D et la prothèse sur mesure

Lorsqu’une décision d’implantation de prothèse de hanche est prise, la planification de la chirurgie est réalisée en 3D, à taille réelle, sur la base d’un scanner préopératoire. Une prothèse sur mesure est ensuite dessinée et fabriquée avant d’être implantée par notre équipe.

La planification 3D associée à l’implant sur mesure permet de restaurer avec précision l’anatomie de la hanche, en positionnant de façon optimale le centre de rotation, puis en restaurant de façon très précise la longueur de l’articulation, l’offset médio-latéral et l’antéversion fémorale.

Cette restauration anatomique permet d’équilibrer les muscles de la hanche, de restaurer les amplitudes articulaires et en particulier la rotation externe (en-dehors).

Le choix des implants et la voie chirurgicale

Le choix des implants privilégie une prothèse non cimentée, permettant un ancrage osseux solide et durable. Un glissement céramique-céramique est particulièrement adapté chez les danseurs très jeunes.
Une prothèse double mobilité peut être discutée dans certains cas particuliers.

La chirurgie doit être impérativement réalisée par une voie d’abord antérieure respectueuse de la musculature. Il est indispensable de préserver les muscles rotateurs externes, les muscles abducteurs et toute la musculature périarticulaire.
Le positionnement précis des implants est essentiel pour respecter la planification et la restauration anatomique.

La rééducation et la reprise de la danse

Suite à l’intervention, la rééducation est effectuée en plusieurs temps, comprenant une première phase d’entretien musculaire statique, avant de récupérer progressivement les amplitudes articulaires.

Les mouvements de danse sont repris rapidement (barre au sol, exercices encadrés par le physiothérapeute). La période de réathlétisation est essentielle pour permettre une récupération complète et symétrique de l’ensemble des groupes musculaires, afin d’éviter les blessures et les douleurs à la reprise.

La reprise de la danse au niveau professionnel peut être envisagée progressivement entre 3 et 6 mois, selon les suites opératoires et la sévérité de la coxarthrose préopératoire.

Pourquoi éviter la chirurgie de resurfaçage chez les danseuses ?

Dans notre équipe, nous ne sommes pas favorables à la chirurgie de resurfaçage chez les danseuses de ballet professionnelles. Le resurfaçage donne des résultats décevants chez les femmes, nécessite une voie postérieure avec section des muscles rotateurs externes, ce qui est contre-indiqué.

De plus, cette technique impose une cupule de grand diamètre, inadaptée aux hanches dysplasiques.

Des résultats excellents chez les danseuses opérées

Dans nos différentes publications chez les danseurs de ballet professionnels âgés de moins de 40 ans, le taux de satisfaction est compris entre 9/10 et 10/10, avec plus de 95 % de retour à la danse professionnelle au meilleur niveau.

Dr Cyril Courtin

Publié le 18 novembre 2025

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