Publié le 15 décembre 2025 Chirurgie de la hanche

Implanter une prothèse de hanche primaire sur une hanche multi opérée dans l’enfance

L’implantation d’une prothèse de hanche chez un patient ayant subi plusieurs interventions durant l’enfance représente un véritable défi chirurgical. Contrairement à la prothèse primaire sur hanche vierge, souvent considérée comme une chirurgie fiable et standard, la hanche multi-opérée présente une anatomie modifiée, parfois sévèrement, rendant la planification et l’exécution du geste beaucoup plus complexes. À Inside the Hip à Lyon et Paris, la prise en charge repose sur une analyse tridimensionnelle précise et l’utilisation de prothèses sur mesure, indispensables pour restaurer une fonction optimale malgré les séquelles anciennes.

Hanche multi-opérée

Les difficultés spécifiques des hanches multi-opérées

L’implantation d’une prothèse de hanche primaire sur une hanche vierge est une intervention courante, considérée comme une chirurgie fiable et réalisable dans la majorité des centres.

À l’inverse, certains antécédents chirurgicaux ou médicaux de l’enfance rendent le geste beaucoup plus difficile et les résultats plus incertains.

Nous voyons régulièrement des patients, parfois jeunes, présentant une hanche multi-opérée depuis l’enfance, suite à :

  • une luxation congénitale de hanche
  • une ostéochondrite primitive (maladie de Legg-Calvé-Perthes )
  • une arthrite infantile
  • un traumatisme de la hanche
  • ou encore des antécédents chirurgicaux multiples : ostéotomie du bassin, ostéotomie fémorale, butée, libération articulaire, sections tendineuses, etc.

Parfois, aucun compte-rendu opératoire n’est disponible. On observe seulement plusieurs cicatrices autour du bassin et du fémur, voire des séquelles neurologiques.

Une anatomie profondément modifiée

Dans ces situations, les patients présentent une anatomie très atypique, avec :

  • bascule du bassin
  • déviation de la colonne vertébrale
  • inégalité de longueur
  • amyotrophie globale de la fesse et de la cuisse

Les radiographies révèlent souvent des séquelles de chirurgie du bassin et du fémur, et une architecture coxo-fémorale très asymétrique.

L’examen du dossier médical, l’interrogatoire et l’examen physique sont donc fondamentaux. Ils permettent d’examiner le rachis, les hanches, l’ensemble des membres inférieurs, les mobilités passives et actives et un éventuel déficit musculaire (moyen fessier ou atteinte neurologique).

Quels sont les examens de planification à prévoir ?

Si l’indication d’une prothèse de hanche est retenue, une planification en 2D est insuffisante. Elle ne permet pas d’apprécier l’anatomie réelle, notamment dans le plan axial , l’orientation acétabulaire et l’antéversion ou rétroversion du col fémoral.

Le scanner 3D est l’examen indispensable. Il permet une analyse à taille réelle, une reconstruction tridimensionnelle de la morphologie coxo-fémorale et l’évaluation de la trophicité musculaire (fessiers, psoas).

La présence d’une dégénérescence graisseuse est un mauvais pronostic pour la récupération fonctionnelle.

En complément, un bilan EOS en position debout visualise mieux l’équilibre lombo-pelvi-fémoral et les désaxations des membres inférieurs.

Par la suite, la planification 3D sur scanner permet :

  • de déterminer la position, l’orientation et le diamètre optimum de la cupule
  • de concevoir une tige fémorale sur mesure, adaptée au canal intramédullaire
  • d’optimiser le col prothétique afin de régler l’angle cervico-diaphysaire, l’antéversion, et l’offset médio-latéral

Les objectifs de l’implantation prothétique dans les hanches multi-opérées

Implanter une prothèse de hanche dans ce contexte doit répondre à plusieurs objectifs :

  • Restaurer une anatomie fonctionnelle
  • Rester réaliste : la hanche « parfaite » est souvent un compromis
  • Limiter les risques de complications peropératoires

Le choix des implants dans les hanches multi-opérées

Il s’agit souvent de patients jeunes, pour lesquels on privilégie un implant non cimenté, un ancrage osseux en titane, un couple de frottement céramique-céramique, assurant l’absence d’usure dans le temps.

La voie d’abord : un enjeu majeur

Nous privilégions une voie d’abord antérieure respectueuse de la musculature. En effet, chez les patients multi-opérés, il faut éviter toute nouvelle section musculaire, comme celles induites par la voie postérieure ou la voie transglutéale de Hardinge.

Une chirurgie techniquement complexe

La réalisation chirurgicale est souvent difficile et nécessite :

  • une exposition large
  • une libération articulaire
  • une implantation de la cupule selon le plan prévu (parfois avec dysplasie ou greffe osseuse )
  • une implantation de la tige sur mesure fidèle à la planification

En fin d’intervention, le chirurgien choisit la tête prothétique adaptée pour équilibrer la musculature.

Les suites opératoires sont plus longues que pour une prothèse primaire classique.
Il faut prévoir 4 à 6 mois de rééducation avec travail des amplitudes et restauration de l’équilibre lombo-pelvi-fémoral.

Une nouvelle vie pour des patients parfois opérés depuis l’enfance

Pour ces patients souvent multi-opérés depuis leur plus jeune âge, l’implantation d’une prothèse de hanche réussie offre de nouvelles perspectives, autant dans les activités quotidiennes que dans la pratique sportive.

La planification 3D et la prothèse sur mesure constituent un élément essentiel pour rassurer, optimiser le geste et garantir le meilleur résultat chirurgical.

Dr Alexis Nogier

Publié le 15 décembre 2025

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