Publié le 22 décembre 2025 Chirurgie de la hanche
Implanter une prothèse de hanche sur une coxopathie à radiographies normales
L’intervention la plus fréquente en chirurgie de la hanche est l’implantation de prothèse de hanche primaire sur coxarthrose évoluée. Dans les cas typiques, l’indication opératoire ne pose pas de problème devant un patient qui présente des douleurs coxo-fémorales évolutives, résistant au traitement médical, associées à une raideur articulaire et à des signes radiologiques de dégradation articulaire. Lorsque la radiographie montre une coxarthrose évoluée ou une nécrose de tête fémorale importante, il est logique de proposer l’implantation prothétique.
Quand les radiographies sont normales malgré la douleur
Dans certains cas, un patient se présente avec des douleurs mécaniques de la hanche, mais avec des radiographies parfaitement normales.
Le cas typique est une femme de 50 ans présentant des douleurs inguinales mécaniques et positionnelles, limitant les activités, la marche et le sport.
Si la radiographie de la hanche est parfaitement normale (pas de pincement de l’interligne articulaire, pas d’ostéophyte, pas de géode sous-chondrale ni aucun signe d’arthrose), les traitements proposés se limitent souvent aux antalgiques, anti-inflammatoires et infiltrations, et toute chirurgie est écartée.
Dans certains cas, il s’agit pourtant d’une erreur stratégique, car certaines coxopathies à radiographies normales résistent au traitement médical.
L’apport déterminant de l’imagerie en coupes
L’imagerie en coupes apporte des éléments diagnostiques essentiels.
Le rôle de l’IRM de hanche
L’IRM centrée sur la coxo-fémorale peut montrer :
- un épanchement articulaire
- une chondropathie évoluée
- un œdème sous-chondral en zone portante, parfois bipolaire
L’intérêt de l’arthroscanner
L’arthroscanner permet de visualiser avec précision l’état du cartilage et peut montrer une chondropathie fémorale profonde et étendue (grade IV), confirmant une souffrance articulaire sévère.
Parfois, la chondropathie est bipolaire, affectant le cartilage fémoral et le cartilage acétabulaire.
Une chondropathie profonde étendue peut donc parfaitement exister sur une hanche à radiographies normales.

L’examen clinique : une étape indispensable
Lors de la consultation, l’examen physique permet d’évaluer les mobilités passives de la hanche dans tous les secteurs. On note souvent une vive douleur lors des tests de coxopathie en particulier lors du test en FABER et du test en FADRI.
Un examen neurologique complet doit être réalisé pour éliminer une radiculalgie, un déficit sensitivomoteur ou une abolition des réflexes. Il faut également éliminer une hernie pariétale et toute douleur d’origine extra-articulaire.
Le traitement médical des coxopathies à radiographies normales
Dans les cas de chondropathies sévères à radiographies normales, le traitement repose prioritairement sur l’économie articulaire éviter les sports à risque, privilégier une activité sportive douce et régulière en ligne et en décharge telle que le vélo et la natation).
Le traitement médicamenteux comprend :
- des antalgiques adaptés à l’intensité de la douleur
- des anti-inflammatoires non stéroïdiens pris de manière séquentielle
- dans certains cas, des infiltrations intra-articulaires peuvent être très efficaces (viscosupplémentation, injection de cortisone, PRP)

Quand envisager une prothèse de hanche malgré des radiographies normales ?
Lorsque le traitement médical bien conduit n’est pas efficace, l’indication d’une prothèse de hanche peut être retenue.
Il faut alors privilégier :
- une technique opératoire respectueuse de la musculature (voie d’abord antérieure)
- une planification tridimensionnelle sur scanner, indispensable pour analyser précisément la morphologie coxo-fémorale
Dans les coxopathies à radiographies normales traitées par prothèse, il est essentiel de ne pas modifier l’anatomie articulaire, en utilisant une planification précise, une technique opératoire rigoureuse et, si possible, un implant personnalisé.
Résultats et limites de l’implantation prothétique
Lorsqu’il existe une chondropathie étendue sévère, cohérente avec le tableau douloureux , l’implantation d’une prothèse totale de hanche procure un excellent résultat, permettant une reprise complète des activités sans restriction.
En revanche, lorsque le tableau radio-clinique manque de cohérence (douleurs atypiques, débordantes, associées à une chondropathie légère sans signe objectif de souffrance articulaire), le pronostic est incertain et il existe un risque d’erreur diagnostique.
Dans cette situation, il est recommandé de réaliser un test anesthésique pré-opératoire, permettant de décider soit de l’implantation prothétique, soit d’une abstention chirurgicale.
L’abstention chirurgicale est parfois une décision salutaire.